Susanna Wesley, la mère du Méthodisme
Susanna Annesley, née le 20 janvier 1669, fille du Dr Samuel Annesley et de Mary White, n’était certes pas incommodée par les grosses familles. Elle-même la vingt-cinquième enfant d’une famille de 25, donna naissance à 19 enfants dont 10 (trois garçons et sept filles) survécurent à l’enfance, dont parmi eux les célèbres frères John et Charles.
La formation spirituelle et intellectuelle de Susanna fut solide; son père était un puritain engagé qui accueillit beaucoup de prédicateurs, d’écrivains et d’étudiants, dont Thomas Manton et John Owen, le doué théologien puritain.
En 1662, une loi, Uniformity Act, fut décrétée, laquelle força tout clergé à se conformer aux croyances et pratiques de l’Église d’Angleterre. Deux milles personnes refusèrent dont un certain John Bunyan (Le voyage du pèlerin) qui fut jeté en prison.
Alors qu’elle assistait au mariage de sa sœur, Susanna, âgée de 19 ans, rencontra Samuel Wesley, âgé de 26 ans. Le 11 novembre 1688, ils se marièrent; mais leur mariage ne fut pas des plus calmes. Samuel, constamment endetté, vécut beaucoup de difficultés financières; il se retrouva même en prison à deux reprises en raison de ses piètres habiletés en matière de gestion des finances, et le manque d’argent fut un défi continuel pour Susanna.
Susanna vécut beaucoup d’épreuves au cours de sa vie. Son époux la quitta, elle et les enfants, pendant plus d’un an en raison d’une dispute sur un sujet de moindre importance. Sur quoi, elle écrivit alors à son mari déserteur : « Je suis une femme, mais je suis également la maîtresse de maison d’une grosse famille. Et si la responsabilité première de leurs âmes te revient, je ne peux m’absoudre, en ton absence, à laisser à eux-mêmes chacun de ces êtres que tu m’as laissés à charge. Je ne suis ni un homme ni un pasteur, mais en tant que mère et maîtresse de maison j’ai cru bon de faire davantage que ce que j’ai pu faire jusqu’à présent. J’ai résolu de commencer avec mes propres enfants. J’emploie la méthode suivante: je prends un temps chaque soir pour discuter avec chacun d’eux; le lundi, je m’entretiens avec Molly, le mardi avec Hetty, le mercredi avec Nancy, le jeudi avec Jacky (le surnom qu’elle donna à John), le vendredi avec Patty, le samedi avec Charles. »
Quant à Samuel, il passa toute sa vie et tout l’argent de la famille sur une exégèse en latin du livre de Job qui fut rapidement mise à l’écart. En revanche, Susanna écrivit plusieurs textes qui devinrent fondamentaux dans l’éducation des enfants. En plus de lettres, elle écrivit des méditations et des commentaires, notamment sur la prière du Seigneur, les dix commandements et les doctrines des apôtres. Hélas, plusieurs de ceux-ci furent perdus dans un des deux incendies qui les ravagea (lors de l’un de ceux-ci, son fils John faillit mourir et dut être rescapé de la fenêtre du deuxième étage) mais un certain nombre furent réchappés. Ses écrits se trouvent principalement regroupés dans le livre de Charles Wallace, Susanna Wesley, Her Collected Writings.
Après le deuxième incendie, Susanna dut placer ses enfants dans différents foyers pendant près de deux ans. Pendant ce temps, les enfants Wesley vécurent selon les règles établies là où ils demeuraient. Susanna était horrifiée à l’idée que ses enfants puissent en venir à employer un mauvais langage et à jouer davantage qu’à étudier.
« Sous aucun prétexte, je n’ai permis aux enfants de faire des devoirs avant l’âge de cinq ans, mais le jour suivant leur cinquième anniversaire, l’instruction à proprement parler commençait. Ils avaient des cours pendant six heures et dès le tout premier jour, ils devaient apprendre tout l’alphabet. Les enfants ont tous reçu une bonne éducation, filles incluses. Ils ont tous appris le latin et le grec et ont tous fait les études classiques traditionnelles de
l’Angleterre de cette époque. »
Alors qu’il était en voyage à Londres pour défendre un ami aux prises avec des accusations d’hérésie, Samuel avait désigné un remplaçant pour le sermon. Celui-ci se fit uniquement sur le paiement des dettes. La pauvreté de l’enseignement spirituel amena Susanna à rassembler ses enfants le dimanche après-midi pour un culte familial; ils chantaient un psaume après quoi Susanna lisait un des sermons écrits par son père ou son époux, puis ils chantaient un autre psaume. Les habitants de l’endroit commencèrent à demander s’ils pouvaient assister. À un moment donné, ils étaient plus de deux cents alors qu’au culte du dimanche matin il y avait de moins en moins de gens.
Susanna pratiqua un culte quotidien pendant toute sa vie mais peu de temps avant de mourir, elle confia à son fils Charles qu’elle s’était battue contre le doute toute sa vie mais que désormais elle avait trouvé la paix à travers sa foi.
Susanna mourut le 23 juillet 1742 et fut enterrée à Bunhill Fields à Londres.
Le méthodisme : Charles, de cinq ans le cadet de John, réunissait un petit cercle d’étudiants « pieux » dont John, à son retour à Oxford, prit la direction. Les membres de ce holy club, qui pratiquaient la lecture régulière de la Bible et d’autres livres religieux, et qui faisaient des visites aux malades et aux pauvres, reçurent par dérision le sobriquet de « méthodistes ».
Le nom « méthodiste » vient du fait que Wesley avait un système ou une « méthode » de prière et d’étude pour faire grandir chrétiens et nouveaux convertis dans leur foi.