L’an 1529 se voulut une année très difficile pour Martin Luther; un temps crucial pour le mouvement de la Réforme. Maladie, découragement et danger menacèrent continuellement.
Douze ans après avoir placardé ses 95 thèses sur la porte de la cathédrale de Wittenberg en Allemagne, Luther était maintenant en proie à la dépression; il se tourna alors vers deux de ses antidotes les plus efficaces, la musique et les Écritures. Il écrivit des hymnes, traduisit la bible dans la langue du peuple et remit en vigueur la pratique des chants par les membres de la congrégation. Il permit même aux femmes de chanter en public, un privilège qui leur avait été retiré pendant mille ans. Souvent, lorsqu’il subit les assauts de l’ennemi, il combattit au moyen d’un chant.
Au cours de cette année de grande dépression qu’il vécut, Luther se tourna vers le Psaume 46. Il en répéta à maintes reprises le premier verset : « Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse ». Inspiré par la force qu’il trouva dans ce psaume, il donna à la chrétienté l’un de ses plus grands héritages, le merveilleux cantique « C’est un rempart que notre Dieu » (A mighty fortress is our God) qui devint plus tard le cri de ralliement de la Réforme. On le chantait partout dans les rues.
Ses fortes images résument bien toute la puissance spirituelle qui vient au secours du croyant dans les moments d’adversité. Ce chant fut d’ailleurs chanté aux funérailles de Luther et la première ligne de cet hymne est gravée sur sa pierre tombale à Wittenberg.
Nous ne vivrons probablement jamais autant d’opposition que Luther mais nous pouvons quand même savoir que c’est ce même Dieu qui est notre refuge et notre force dans la détresse.
Ce chant, écrit à l’origine en allemand (Ein feste Burg ist unser Gott), comporte deux versions françaises, celle de Henri Lutteroth (1845) et celle qui parut dans le Recueil de Montbéliard (1847). Nous vous joignons ici les deux versions pour pouvoir en saisir toute la richesse. Certainement un chant à redécouvrir…
1. C’est un rempart que notre Dieu :
Si l’on nous fait injure,
Son bras puissant nous tiendra lieu
De cuirasse* et d’armure.
L’ennemi contre nous
Redouble de courroux :
Vaine colère !
Que pourrait l’adversaire ?
L’Eternel détourne ses coups
2. Seuls, nous bronchons à chaque pas,
Notre force est faiblesse.
Mais un héros, dans les combats,
Pour nous lutte sans cesse.
Quel est ce défenseur ?
C’est toi, puissant Seigneur,
Dieu des armées !
Ton Eglise opprimée*
Reconnaît son Libérateur !
Connaissent leur libérateur.
3. Que les démons forgent des fers
Pour accabler l’Eglise,
Ta cité* brave les enfers,
Sur le rocher assise !
Constant dans son effort,
En vain, avec la mort,
Satan conspire :
Pour briser son empire,
Il suffit d’un mot du Dieu fort !
4.Dis-le, ce mot victorieux,
Dans toutes nos détresses !
Répands sur nous du haut des cieux
L’Esprit*et ses largesses.
Qu’on nous ôte nos biens,
Qu’on serre nos liens,
Que nous importe ?
Ta grâce est la plus forte,
Et ton royaume est pour les tiens.
1. C’est un rempart que notre Dieu,
Une retraite sûre,
Notre délivrance en tout lieu,
Une invincible armure.
L’ancien ennemi
De rage a frémi ;
Perfide et jaloux,
Il s’arme contre nous
Du glaive et de l’injure.
2. A quoi servent tous nos travaux
Dans ce péril extrême ?
Pour nous combat le vrai héros
Choisi par Dieu lui-même.
Qui est* ce Sauveur ?
C’est Christ, le Seigneur,
Le Dieu saint et fort,
Dans la vie et la mort,
Le* Rédempteur suprême !
3. Et quand les démons furieux
Rempliraient cette terre,
De ces tyrans audacieux
Qu’importe la colère !
Le Dieu tout-puissant
Est ici présent.
Prie et ne crains rien :
Un seul mot, ô chrétien,
Terrasse l’adversaire.
4. Ce mot, c’est du grand Roi des rois
La Parole immortelle ;
Le monde et l’enfer à la fois
Ne peuvent rien contre elle.
Prenez corps et biens,
Femme, enfants, soutiens :
Efforts superflus !
Ton royaume, ô Jésus,
Reste au chrétien fidèle.
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