Histoire de l’Église 101
Vous êtes-vous jamais demandé d’où viennent les « Frères chrétiens »? Avez-vous toujours cru que ce mouvement évangélique existait depuis la nuit des temps? Croyez-vous qu’il fut amorcé par Jésus et que par après les apôtres l’ont transmis sans qu’il y ait jamais eu aucune interruption? Ou ces « Frères chrétiens » sont-ils apparus depuis peu? Avez-vous une idée de tout le chemin qui dut être fait pour qu’existe l’Assemblée chrétienne du Cap-de-la-Madeleine?
Au cours de l’année qui vient de débuter, je me propose de vous vulgariser en termes simples les débuts de l’œuvre évangélique au Québec et dans le monde mais également de vous présenter plusieurs de ceux qui ont débroussaillé la forêt de faussetés et de mensonges pour en arriver à l’oasis de paix que Jésus nous offre. Vous y découvrirez que le simple fait de pouvoir ouvrir une Bible de nos jours pour en puiser les trésors s’est souvent fait au prix du sang, de larmes et de sueurs. Si nos âmes aujourd’hui peuvent reposer dans la sécurité d’un salut éternel, c’est que d’autres ont souffert la persécution liée à la propagation de la vérité biblique et qu’ils l’ont défendue, souvent au prix de leur vie. Nous nous promènerons à travers les époques, les villes, les pays, et les langues, et tout cela dans un ordre non chronologique, selon la direction de l’Esprit. Vos commentaires et suggestions sont les bienvenus.
Revivez donc avec nous les débuts difficiles de ces croyants dignes de ce nom et la traversée qu’ils ont entreprise pour l’amour de la Vérité.
LA RÉFORME.
S’il est une époque qui plus que toutes autres marque aujourd’hui le cadran de nos vies du 21e siècle, c’est bien celle de la Réforme. Elle vous touche de très très près car sans elle, vous seriez probablement encore sous l’interdiction de lire votre Bible aussi librement que vous le faites (ou pouvez le faire) de nos jours. En voici le contexte :
Amorcée dès le XVe siècle et culminant au XVIe siècle, la Réforme protestante découle d’une volonté d’un retour aux sources du christianisme et aussi, peut-être, un besoin de considérer la religion et la vie sociale d’une autre manière. Elle reflète l’angoisse des âmes, par la question du salut, centrale dans la réflexion des réformateurs, qui dénoncent la corruption de toute la société engendrée par le commerce des indulgences et profitent de l’essor de l’imprimerie pour faire circuler la Bible dans la langue du peuple (allemand), en montrant qu’elle ne fait mention ni des saints, ni du culte de la Vierge, ni du Purgatoire. La référence à la Bible comme étant la norme est néanmoins une des principales motivations parmi les réformateurs. Ce principe de Sola scriptura (les Écritures seules) va guider ces hommes.
Commencée par Martin Luther en Allemagne et Ulrich Zwingli à Zurich, puis Martin Bucer à Strasbourg et plus tard Jean Calvin à Paris et Genève, la Réforme touche la majeure partie de l’Europe du Nord-Ouest; et elle aboutira à une scission entre l’Église catholique romaine et les Églises protestantes.
L’adoption de la Réforme revêt aussi un caractère politique. C’est un moyen pour la royauté d’affirmer son indépendance face à une papauté revendiquant une théocratie universelle (seul représentant de Dieu sur la terre) ou pour les populations de pouvoir se révolter face un souverain mal accepté. La Réforme se traduit donc au XVIe siècle par de nombreux conflits, mais aussi des guerres civiles en France, en Angleterre et en Écosse.
De nombreux facteurs interviennent. Pendant longtemps les historiens ont pensé que les vices du clergé étaient la principale cause de la Réforme : la débauche de certains prêtres et moines qui vivent publiquement en concubinage, qui s’enrichissent avec l’argent des fidèles… Cependant, il apparaît de plus en plus évident que c’est l’étude de la Bible qui en soit la cause profonde, puis par la suite le résultat.
Les fidèles ne reprochent pas au clergé de mal vivre mais de mal croire. En effet, l’Église répond mal aux angoisses des fidèles. Depuis le XIVe siècle et la grande peste, les fidèles vivent dans l’angoisse du salut. La peur de la mort et de l’enfer a comme conséquence le développement du culte marial (Marie), du culte des saints, du culte des reliques et la pratique des indulgences. Le but est de gagner son paradis sur la terre même au prix d’un séjour au purgatoire. À la fin du XVe siècle, les indulgences sont un moyen de plus en plus en vogue pour réduire le nombre des années passées par une âme au purgatoire après sa mort. Dès que l’or versé en contrepartie de l’indulgence tombe dans la sébile, l’âme s’échappe du purgatoire. De plus en plus, le fidèle se confesse non pas poussé par la conscience de ses péchés mais par peur de la punition après la mort.
À cette époque, les moines refusent souvent d’obéir à leurs évêques; les ordres religieux se jalousent les uns les autres; un grand nombre d’ecclésiastiques « oublient » leur mission spirituelle et locale : loin de leur diocèse, ils vivent à la cour papale, vont à la guerre, sont ambassadeurs, cumulent parfois plusieurs évêchés à la fois. Certains prêtres vivent en concubinage, possèdent des bordels, boivent excessivement, ne connaissent pas le latin. La médiocrité domine. Le clergé, exempté de toute punition pour ses incartades par des tribunaux nationaux, ne paie pas d’impôts aux trésoriers. Toutes les fonctions ecclésiastiques se vendent et s’achètent, les meilleures aux plus offrants ! L’intérêt pour la piété croît. Des œuvres y encouragent : vies des saints, Imitation de Jésus-Christ, Art de Bien Mourir, extraits bibliques) ; tableaux peints ou littéraires décrivant l’enfer et le purgatoire ; sculptures des cathédrales, où d’affreuses gargouilles côtoient les statues des saints. Généralement, la masse populaire est épouvantée par l’idée de la mort et de la fin du monde : « Qui peut être sûr de son salut ? ». Odieuses promesses d’échapper au purgatoire, les indulgences garantissent la rémission de la culpabilité et de la punition des péchés. Leur vente massive déclenchera la crise spirituelle d’un certain moine provincial, Martin Luther, et allumera la protestation réformée. Voici quelques exemples représentatifs de la comptabilité des marchands d’indulgences :
- Contempler la relique du crâne d’un des douze Apôtres vaut 14 000 jours de pardon.
- Adorer Marie en la priant raccourcit le purgatoire de 11 000 années.
- Trois prières à Ste Anne valent 1.000 années de rémission pour des péchés mortels et 20.000 pour des véniels.
- On peut acheter des indulgences en vue de péchés futurs !
C’est dans ce contexte que se levèrent plusieurs hommes dont les propos allaient déclencher un mouvement de masse qui changea la face du monde à tout jamais.
L’Évangile prêché et vécu produit toujours des effets à tous les échelons de la société. Notre pauvre monde, même évangélique, a besoin d’une autre Réforme dont les acteurs doivent être des hommes du LIVRE, intrépides, intègres, irréprochables, des hommes de prière, agissant en saison et hors saison comme des témoins véritablement inspirés par le Saint-Esprit, assidus, intelligents, et sans compromis !
Dans le prochain article, je vous présenterai la vie et l’œuvre de celui que l’on appelle encore aujourd’hui le Père de la Réforme et qui fut loin d’être banal : Martin Luther.